Une pauvreté massive existe en France aujourd'hui, et ce pour quatre raisons très différentes : tout d'abord l'existence d'un chômage de masse, non sans malgré tout des variations sensibles, puis la montée inexorable du travail précaire depuis les années 1980. Par ailleurs, le recul de l'intervention de l'État dans les domaines de l'économique et du social durant la même époque a également joué. Il faut compter enfin avec la crise économique qui a frappé la majorité des pays d'Europe et les États-Unis depuis 2008. La société française compte à l'heure actuelle 8,5 millions de personnes en situation de pauvreté, soit le huitième de sa population. Quels que soient les débats suscités par ces chiffres, personne ne peut minimiser une telle réalité. Elle fait porter un regard parfois empreint de nostalgie sur les Trente Glorieuses : il n'y avait « que » 400 000 chômeurs en 1968. Pour autant et on a trop souvent tendance à l'oublier aujourd'hui, il subsistait encore dans la société française d'importantes poches de pauvreté. Elles étaient fort anciennes et on croyait alors qu'elles représentaient un vestige du passé, peu à peu appelé à disparaître. Cette croyance n'est plus de mise aujourd'hui.
Ce livre examine les vulnérabilités sociales et sanitaires sur le temps long, depuis 1880 à nos jours et ce, dans la région de Lyon. Axelle Brodiez a organisé son livre en trois grandes parties. Dans son introduction, elle rappelle en quoi l'assistance a été longtemps l'apanage de la charité chrétienne. L'assistance a agi durablement avant que, peu à peu, la notion d'action sociale n'apparaisse ; mais ceci s'est fait avec une extrême lenteur. Pour Axelle Brodier, la vulnérabilité est un concept flou reposant sur des notions fort diverses. Puis de 1880 à 1914, s'opère une affirmation de l'assistance principalement à travers une floraison d'initiatives municipales. Le Bureau de bienfaisance, créé alors au Havre par Jules Siegfried, constitue le point de départ de ce mouvement ; il se développe ensuite dans toute
La seconde partie du livre d’Axelle Brodier va de
La troisième partie de cet ouvrage fournit une synthèse des situations de pauvreté dans la France des années 1945 à 1975. Il faut d'abord solder les séquelles sociales de
Axelle Brodier conclut son ouvrage en relevant tout d'abord l'imbrication entre vulnérabilités sociales et sanitaires et en pointant l'importance du niveau local dans l'appréhension de l'action publique. Elle souligne enfin le rôle des associations dont la plus grande partie de l'histoire reste à écrire sur le long terme. De très nombreux travaux ont été écrits sur les questions abordées par Axelle Brodier comme le montre l'abondante bibliographie qui accompagne ce volume. Mais outre un éclairage particulier de ce qui s'est passé dans la région lyonnaise, le mérite de ce livre, et il n'est pas mince, est d'aborder cette question sur le temps long, un siècle et demi. C'est dire tout son intérêt. Il examine la société française sous cet angle d'approche et nous aide ainsi à mieux la comprendre.