Il s’agit ici d’évoquer une donnée rarement mentionnée dans les considérations historiographiques et épistémologiques concernant l’histoire du temps présent : la difficulté à nommer les phénomènes étudiés. Une telle difficulté est d’autant dirimante que, dans le cas de l’histoire de l’État-nation France, celui-ci a connu au cours du second XXe siècle un véritable basculement anthropologique, dont les différentes facettes doivent être historicisées.
De surcroît, cet État-nation, durant la même période, s’est trouvé enserré dans de nouveaux jeux d’échelles, avec notamment une réelle connexion avec l’histoire-monde. Un tel constat a, bien sûr, des conséquences multiples, évoquées ici.
À travers l’histoire de l’Office universitaire de recherche socialiste (OURS), cet article vise à éclairer, d’hier à aujourd’hui, les relations des socialistes avec leur histoire et avec les sources pour l’écrire. Il décrit les archives très éclatées d’un mouvement socialiste qui a unifié en 1905 dans le Parti socialiste SFIO les principales familles apparues au lendemain de la Commune. Les séismes politiques (congrès de Tours [1920], crise néo-socialiste [1933], crise pivertiste [1938]…), le pillage de son siège au cours de la Deuxième Guerre mondiale, des crises politiques (1958), le congrès d’Épinay (1971), des déménagements (1975, 1980), autant que son mode de fonctionnement non centralisé, ont eu des conséquences sur l’éparpillement des sources. Cet article explique pourquoi et comment le PS a finalement décidé à partir de 1997 de confier à l’OURS et à la Fondation Jean-Jaurès, la « gestion » de ses archives historiques.
Vous venez de publier votre ouvrage Dans les coulisses du monde et, à cette occasion, nous avions envie de revenir avec vous sur vos origines. Y a-t-il eu une prédestination à ce métier de diplomate ? Avez-vous toujours voulu embrasser cette carrière ? Y avait-il une tradition familiale qui vous a conduit vers cette carrière diplomatique ?
Quand je remonte dans le temps et que je me vois enfant, à 5 ans, je voulais déjà être diplomate. Je pense que mon père qui exerçait ce métier m’a certainement influencé. Il a été très content le jour où j’ai fait ce choix, mais il ne m’en avait jamais parlé.
C’était la représentation de la France à l’étranger ou le goût d’un certain nombre de mondes étrangers à découvrir ?
On est assez patriotes dans la famille, donc l’idée de représenter la France à l’étranger était particulièrement séduisante mais le contact avec les civilisations l’était aussi. J’ai beaucoup voyagé quand j’étais enfant : au Moyen-Orient, en Amérique latine, on changeait de pays tous les trois ans. Je pensais que cette vie de nomade me convenait. Le paradoxe est que j’ai fait une carrière assez parisienne, du moins très partagée entre Paris et l’étranger.