La loi sur les archives votée en juin 2008 constitue une régression par rapport à la loi de 1979. Non seulement parce qu’elle instaure une catégorie d’archives non communicables, mais parce qu’elle maintient la dérogation en contradiction avec les recommandations du Conseil de l’Europe (R 2000/13) qui prônent « l’égal traitement de l’ensemble des utilisateurs ». Afin de protéger les données concernant la vie privée des citoyens, il conviendrait de prendre exemple sur les modalités de consultation des archives des pays ex-communistes et des dictatures latino-américaines qui pratiquent l’anonymisation.
Les historiens français ne sont venus que tardivement à la reconnaissance des sources audiovisuelles alors que d’autres sciences sociales ont une pratique ancienne de ce matériau. L’entretien mené avec Agnès Callu, co-auteur du Guide du patrimoine sonore et audiovisuel français, fait le point sur les mutations en la matière des vingt dernières années. Il établit la part déterminante des institutions publiques, mais aussi le rôle important des collectionneurs privés et des centres de recherches.
Disparu le 13 juillet 2008, victime d’un accident de la route à l’âge de 76 ans, Bronislaw Geremek incarnait, en Pologne comme en Europe, le type même de l’intellectuel engagé, à la fois par son parcours d’historien médiéviste, par son rôle de membre fondateur du syndicat Solidarnosc, conseiller de Lech Walesa, et par ses fonctions de député et de ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2000. Depuis le 13 juin 2004, il siégeait au Parlement européen sans avoir réussi pourtant, en dépit de sa stature, à s’imposer à la présidence de cette institution. A la veille de sa mort, le nom de ce Polonais « européen », historien et politique, érudit et engagé, homme de réflexion et d’action, avait été avancé par plusieurs spécialistes pour inaugurer la fonction de président stable de l’Union que doit en principe créer le traité de Lisbonne.