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Courriel du 29 octobre 2007
Chers membres de la revue,
Je viens de lire les articles consacrés au manuel franco-allemand. Je voudrais apporter quelques précisions.
J'enseigne en section européenne dans un lycée de Reims, avec le manuel pour la seconde fois. J'ai été surpris de lire que le cours magistral était une modalité privilégiée dans ces sections. Dans mes classes, avant le manuel et après le manuel, il m'est impossible de pratiquer un cours magistral, beaucoup de mes élèves ne pourraient comprendre et suivre alors le cours. Ce qui importe, c'est la communication orale, c'est la prise de parole par les élèves. Et celui qui parle le moins dans mes cours, c'est... moi-même. Mes élèves, avant sur le dossier ad hoc, maintenant sur le manuel, travaillent par binômes sur un thème donné, par exemple die Luftbrücke, l'un doit poser des questions, l'autre doit y répondre. Les éclairages scientifiques sont apportés par moi dans des supports distribués ou des explications éventuelles de chapitre du manuel. Des travaux de description et d'analyse de documents complètent ce dispositif. Ayant eu la chance d'étudier en Allemagne et d 'avoir des contacts réguliers avec une collègue enseignant en section bilingue outre-Rhin, j'ai été initié à une autre disposition pédagogique que le frontaler Unterricht ou cours magistral, modalité nouvelle que propose le manuel.
J'ai donc aussi recours aux Rollenspiele (jeux de rôles), aux disputationes ou aux jeux d'invention (exemple de la lettre p.27), qui tous mobilisent la parole et préparent mes élèves à leur épreuve du baccalauréat, à savoir une épreuve orale. Les collègues que je rencontre dans les stages ou les colloques (comme celui de Nancy ouvert à tous les enseignants de France et de Navarre de section européenne et d'Allemagne pour les responsables des sections bilingues) pratiquent des activités similaires aux miennes. Ce qui confère à nos lycées un petit parfum allemand, qui intrigue parfois nos collègues d'histoire-géographie de langue française. J'attends avec impatience le manuel des classes de première, afin de pouvoir disposer d'une boite à outils riche, même si la plupart des documents du manuel étaient déjà connus de nous avant, ne serait-ce que par le site Lemo (http://www.dhm.de/lemo/home.html) ou par Dasan (http://www1.dasan.de/j//medien/default.htm ), voire par les sites de collègues allemands (Wolfgang Currlin notamment). Il y a des pages remarquables sur la mémoire par exemple, notamment les lieux de mémoire franco-allemands, - dont Reims -, qui nourrissent des activités passionnantes en classe. L'apport de ce manuel, et l'auteur de l'article le souligne fort justement, est de nous donner un réservoir d'activités et de conférer un objet de fierté supplémentaire pour les élèves de ces sections, et une nouveauté à saluer comme notre compte rendu avec Jean-Marc Verron l'avait déjà signalé dans Historiens et Géographes, (n°395, juillet-août 2006, p.19-22).
Cordialement, et en vous félicitant pour l'originalité de votre revue,
Yohann Chanoir,
Agrégé d'histoire, membre de la Commission Europe de l' APHG, Classe européenne allemand au lycée Jean Jaurès de Reims.