« Pour vous, Mesdames ! » est une exposition consacrée à la mode sous l’Occupation proposée par le Centre d’histoire de la résistance et de la déportation de Lyon (CHRD) qui se déroule du 27 novembre 2013 au 14 avril 2014. C’est la première exposition temporaire depuis la réouverture du Centre en novembre 2012. Elle entend s’inscrire dans la continuité d’une exposition réalisée au musée du général Leclerc – musée Jean Moulin de la ville de Paris en 2009 sur le thème « Accessoires et objets, témoignages de vies de femmes à Paris, 1940-1944 ». Comme l’exposition initiale, celle du CHRD s’appuie largement sur les travaux de Dominique Veillon et sur son ouvrage de référence sur la question, La mode sous l’Occupation [1] .
Comme l’exposition parisienne, celle de Lyon aborde divers aspects de ce champ, tels que l’inventivité pour faire face aux restrictions et aux pénuries qui touchent le secteur textile, l’apparition des ersatz et des nouveaux matériaux, les formes que prennent l’élégance tant chez les Françaises du quotidien que chez les créateurs de mode, mais aussi la spoliation des entreprises juives dans ce secteur. L’exposition du CHRD se distingue néanmoins par les deux entrées qui sont privilégiées pour aborder
L’exposition s’ouvre par la présentation d’une intéressante collection de robes utilisées dans la série télévisée Un village français et créées par Thierry Delettre. Ce créateur de costumes s’inspire des conditions de l’époque : les robes sont constituées de morceaux de tissus différents, de pelotes dépareillées, d’accessoires authentiques. On comprend comment la diversité des personnages permet à Thierry Delettre de jouer sur divers registres en fonction de leur milieu social : des habits de la mode et de la couture proprement dites à ceux, très modestes, du quotidien. L’évolution psychologique des personnages au fil de saisons se lit également dans la transformation des couleurs, plus intenses ou plus éteintes. Puis une large place est faite au cinéma où l’on voit les perceptions successives de la mode sous l’Occupation par des créateurs de costume. Dans le Vieux fusil par exemple, film de Robert Enrico tourné en 1975 et librement inspiré du massacre d’Oradour-sur-Glane, les robes que porte Romy Schneider lors des scènes de flash-back sont surtout destinées à mettre en valeur la beauté de l’actrice avec une élégance très sobre, voire austère, annonciatrice peut-être du destin tragique du personnage. Au contraire, dans le biopic sur la vie de l’auteure Violette Leduc, Violette, sorti à l’automne 2013 avec Emmanuelle Devos, c’est la grande simplicité des costumes – avec un sens poussé de réalisme – qui ressort.
À l’étage inférieur, s’ouvre l’autre phase de l’exposition consacrée aux objets de la mode sous l’Occupation. Des panneaux explicatifs nous éclairent sur les diverses thématiques traitées. La spécificité de Lyon constitue le fil rouge : forte d’une tradition industrielle dans le domaine de la soierie, la ville continue en effet de fournir Paris pendant la guerre en matériaux nécessaires à la production de la haute couture. En outre les industriels lyonnais jouent un rôle important dans l’organisation de la production de soierie durant
Ainsi faut-il saluer l’effort constant de contextualisation mené par les organisateurs de cette exposition de qualité qui fera date : elle permet d’envisager, par l’entrée de la mode, un grand nombre de thématiques (à la fois politiques, techniques, économiques, sociales et psychologiques) autour de l’univers féminin. L’inauguration qui a attiré plus de cinq cents visiteurs reflète le succès de l’événement et encourage à poursuivre dans ce champ de la vie quotidienne pendant