Après un retour rapide sur l’historiographie du socialisme, l'article présente l’évolution récente des approches historiennes sur le réformisme social-démocrate à partir de quelques ouvrages récents en allemand (monographies, édition de sources...) Il suggère également quelques pistes pour un renouveau des problématiques sur ces questions, en se concentrant notamment sur le lien entre histoire intellectuelle et histoire sociale et en soulignant l’intérêt de l’histoire croisée.
Depuis 1999, la Fondation Jean-Jaurès met à la disposition des chercheurs des fonds très riches des organisations socialistes françaises, ainsi que les archives privées de certains de ses dirigeants. Comme la Friedrich Ebert Stiftung à Bonn ou la Fundacíon Pablo Iglesias de Madrid, la Fondation, en association avec l’Office universitaire de recherches socialistes (OURS) et le Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale (CODHOS), a vocation à favoriser les recherches sur le socialisme français et international.
Notre première question s’impose, en quelque sorte, puisque c’est un peu par ce biais que nous avons fait connaissance avec vous : par l’intermédiaire de Jacques-René Rabier qui venait de nous accorder un entretien pour cette revue [1] , vous nous aviez alors fait passer un mot et des documents sur un sujet qui vous tient à cœur, la controverse du 9 mai 1950. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, j’accepte votre approche de parler un peu de moi, mais surtout de Robert Schuman parce que, en définitive, ce qui m’importe beaucoup dans vos questions, c’est ce 9 mai 1950 : vous me demandez si j’ai une déclaration à faire à ce sujet, j’ai même un ou deux scoops à vous livrer !
Tout a commencé – j’aime bien ce mot de Paul Valéry qui a dit « Tout se joue dans les commencements », j’aime bien ce pluriel – lorsque je suis tombé dans la « marmite européenne », en amont de la Déclaration Schuman. De toute façon, aucun journaliste de province ne pouvait se trouver à Paris ce 9 mai 1950, compte tenu du déroulement des événements ; il n’y avait pas de TGV à l’époque.