Pour sa première grande exposition temporaire, la toute nouvelle Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) propose de s’intéresser à la présence en France d’une importante population étrangère à l’époque de la grande célébration colonialiste qu’a représenté l’Exposition coloniale de 1931. L’exposition proposée, intitulée « 1931. Les étrangers au temps de l’Exposition coloniale », prolongée jusqu’au 5 octobre 2008, constitue une étonnante mise en abîme : c’est en effet à l’occasion de l’Exposition coloniale qu’a été construit le palais de la Porte dorée, qui abrite aujourd'hui la CNHI. Le choix de 1931 est prétexte à revenir sur la situation en France des immigrants venus du monde entier, et non seulement des colonies, durant les années 1930.
La Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) a ouvert ses portes le 10 octobre 2007. Conçue comme un lieu de réflexion et de diffusion sur l’histoire de l’immigration, elle représente l’aboutissement d’un long processus et peut se voir au miroir du rapport de la France aux cultures immigrées. Installée dans le Palais de la Porte Dorée, son exposition permanente établit la multiplicité des expériences migratoires dans une volonté de reconnaissance des apports de l’immigration à l’histoire de la nation française.
La recherche de Valérie Pouzol est originale et inédite. En effet, rares sont les travaux en langue française qui ont pour objet l’analyse des mouvements de la paix israéliens et palestiniens, la situation dans cette région étant présentée avant tout sous l’angle du conflit, du processus de paix ou celui d’une approche géopolitique. Ce travail se démarque également des études réalisées par le fait qu’elle entreprend une approche croisée des militantes palestiniennes et israéliennes ; la plupart des travaux de terrain se concentrant sur l’une ou l’autre population. Enfin, en enquêtant sur les marges de ces sociétés, l’auteur contribue à la compréhension de leur fonctionnement global.
Dans la pléthore de livres sur mai 1968 parus en ce quarantième anniversaire, l’ouvrage d’Emmanuelle Loyer fait l’effet d’une bouffée d’air. Alors que chacun y va de son souvenir, de son anectode et/ou de son analyse rétrospective, Mai 68 dans le texte replonge directement le lecteur au cœur de l’effervescence de la période, en le confrontant aux paroles et aux écrits des acteurs de l’événement. Second ouvrage de l’intéressante nouvelle collection « De source sûre » des Éditions Complexe, dont l’ambition est de fournir, autour de la mise en forme d’une sélection d’archives souvent inédites, une réinterprétation rigoureuse d’un événement historique, le livre d’Emmanuelle Loyer remplit admirablement ce cahier des charges.
Ouverte en hommage à Germaine Tillion le jour même où elle aurait eu 101 ans, l’exposition « Germaine Tillion, ethnologue et résistante » présentée au musée de l’Homme du 30 mai au 8 septembre 2008 reprend celle créée à Lyon, par le Centre d’histoire de la résistance et de la déportation, en 2004. Elle connut aussi un franc succès à Rennes en 2008 même, avant sa présentation à Paris, où elle est enrichie d’objets issus des collections du musée de l’Homme et du Quai Branly.
Cette publication rend accessible en français des conférences ou des essais datant des années 1996-2005. Initialement publiés soit en ouvrages séparés, soit dans des revues indiennes, britanniques ou étasuniennes, ces textes ont été rassemblés dans un volume publié en 2005 et intitulé The Argumentative Indian. Writtings on Indian History, Culture and Identity (Allen Lane /Penguin Books).
Le titre anglais, difficilement traduisible en français, résume exactement le propos : Amartya Sen insiste sur la longue tradition de « culture dialogique » du monde indien. L’auteur est renommé pour ses travaux sur l’économie du bien-être, qui lui valurent en 1998 « le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel ».
La pensée anti-68 est plurielle, elle a occupé, du fait notamment de ce pluralisme (des communistes jusqu’à l’extrême-droite), depuis une trentaine d’années, presque continûment l’espace intellectuel médiatique et intellectuel avant de s’emparer des discours politiques (propos de campagne présidentielle du candidat Nicolas Sarkozy) : en bonne logique gramscienne, il fallut d’abord conquérir l’hégémonie culturelle pour songer à imposer, politiquement, le rejet de 68 (laxisme des mœurs, perte du goût de l’effort, déclin du respect à l’égard des traditions culturelles). Tel est le constat de Serge Audier, spécialiste de philosophie politique (de l’histoire du libéralisme et du républicanisme) dans un livre vif de ton, mais toujours fort bien informé, ambitieux – ce n’est pas moins qu’un très large pan de la vie intellectuelle française et américaine de la fin du XXe siècle qui est ainsi couvert-mais sans lourdeur excessive.
Voici un couple exceptionnel à plus d’un titre, par ses vies commune et individuelles, par ses morts aussi, subie pour Marcel Sembat, choisie pour Georgette Agutte. En effet, après la disparition du premier, victime d’une hémorragie cérébrale, sa compagne met fin à ses jours après avoir écrit à son neveu : « […] Je ne puis vivre sans lui. Minuit. 12 heures qu’il est mort et je suis en retard. » Au-delà de ces destins tragiques, c’est aux parcours fusionnels d’un homme d’État, avocat, franc-maçon, socialiste aux nombreuses passions intellectuelles et, d’une artiste, amie de Matisse, correspondante de tant de peintres fauves et ouverte aux tendances les plus modernes, que les Archives nationales se sont fort justement intéressées.
Les éditions des Belles Lettres entament avec cet ouvrage de commande une série consacrée à l’histoire du commerce extérieur de la France. L’objectif est ici de resituer les échanges entre deux des principales puissances européennes de l’époque moderne et contemporaine, dans une perspective diplomatique et économique à la fois. La Russie, qui apparaissait d’autant plus immense qu’elle se cachait aux confins du continent, a très été tôt considérée par les Européens comme une terra incognita aux infinies possibilités d’exploitation – un Eldorado du commerce, de l’investissement financier et du transfert de technologie.
Democracy at war can mobilize both the best and the worst in human nature, simultaneously. As Pierre Renouvin showed long ago in Les Formes du gouvernement de guerre (1927), France fought the Great War as a democracy. The trials of that conflict shook French democratic institutions, but did not break them, at least not until well after 1918. Nothing showed the resilience of republican France more than multiple crises of 1917, at the front and in the interior. Yet the crises of 1917 did not necessarily bring out the best in democratic practice in France, at various political registers.